« 800 pages … oh non, c’est tout » ? Je vous jure, que c’est la réflexion que je me suis faite en renfermant « Toutes les nuances de nuit », le merveilleux roman de Chris Whitaker. J’aurais voulu faire durer le plaisir encore et encore … Ce livre m’a tellement plu et touchée que j’ai mis plusieurs jours à ne rien pouvoir lire d’autre. Yes, it is THAT good !
De quoi parle ce livre ?
L’histoire débute dans une petite ville du Missouri dans les années 70. Deux enfants un peu en marge se lient d’une amitié profonde. Quand Patch disparaît mystérieusement, Saint se lance inlassablement à sa recherche. Une première quête qui débouchera sur une seconde, qui s’étendra sur plusieurs décennies et traversera tous les Etats-Unis.
Je ne voudrais pas faire l’erreur de trop en dire. Toutes les nuances de la nuit est un hybride et croise habilement plusieurs genres, ce qui permet une lecture riche et multi-niveaux. C’est un polar captivant plein de rebondissements, mais pas seulement. L’histoire d’une amitié indestructible sur plusieurs décennies mais pas seulement. Une quête intime, au coeur de la nuit qui habite en chacun d’entre nous, mais pas seulement. C’est un roman qui explore les ressorts de l’amour intra-familial et de l’amour au sens large.
C’est un texte étonnamment profond sur la nature humaine, ses ressorts, ses aspérités … ses nuances. Tous les personnages, sans exception, sont méticuleusement peints. Là encore : tout en nuances.
Le titre est particulièrement bien choisi car il y a dans ce texte une réflexion subtile sur la frontière ténue entre bien et mal. C’est aussi malgré la noirceur de l’intrigue de fond une formidable illustration de la lumière qui peut jaillir des plus grands drames ou traumatismes, particulièrement quand cette lumière prend sa source dans l’amour que les personnages se portent.
Mon expérience de lecture
Quel livre ! Mais vraiment, quel livre !
L’auteur est formidablement talentueux. L’histoire est inoubliable. L’écriture magnifique et hyper maîtrisée. Mais j’ai aussi beaucoup aimé sa grande maîtrise du tempo : l’enchainement dynamique de micro-chapitres qui donnent un rythme parfait et rendent la lecture extrêmement plaisante (tout comme la qualité de l’impression de Sonatine je dois dire, qui rend la lecture visuellement très confortable).
Dernier point que j’ai adoré dans ce livre : le voyage à travers les Etats-Unis. L’auteur nous fait vivre un véritable roadtrip et j’ai presque regretté que certaines pages ne soient pas accompagnées de photos de ces grands espaces décrits par l’auteur. Pour avoir vécu dans trois des états traversés par Patch et voyagé dans un nombre d’autres, j’avais mes souvenirs en guise d’illustrations et j’ai été touchée par les décors, les tableaux devrais-je dire, dans lesquels Whitaker fait évoluer ses personnages.
« Au loin, une maison isolée se dressait sous un ciel de plus en plus sombre qui ne tarda pas à se déchirer, déversant une pluie torrentielle sur la terre. Saint s’apprêtait à courir s’abriter sur les arbres lorsque Patch s’assit sur le tapis d’herbes, puis s’y allongea. « Quand le ciel s’ouvre, on a plus de chances de voir le paradis », dit-il ».
« Elle me dit qu’on construit nos idéaux à partir de nos erreurs passées. Mais je me demande ce que c’est exactement qu’une erreur. Quelque chose qu’on n’aurait pas dû faire, n’est-ce pas ? Mais si on apprend de ses erreurs, ce ne sont pas vraiment des erreurs. Plutôt les barreaux d’une échelle qui mène à un endroit meilleur ».
En conclusion
Bref, vous l’aurez compris, c’est un immense coup de cœur !
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Lu en Émilie-Romagne, à Oulx et fini à Saint-Germain-en-Laye en août 2025
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