Victime de l’enthousiasme populaire, j’ai découvert à mon tour Connemara de Nicolas Mathieu, publié chez Actes Sud. C’était la première fois que je lisais cet auteur et j’ai beaucoup apprécié cette lecture pleine de mélancolie et globalement assez sombre.
Pourquoi ce livre ?
J’ai lu Connemara après avoir lu plusieurs chroniques élogieuses. Je n’en attendais pas forcément grand chose mais ai eu beaucoup de plaisir à découvrir la plume de Nicolas Mathieu.
La quatrième de couverture
« Hélène a bientôt quarante ans. Elle est née dans une petite ville de l’Est de la France. Elle a fait de belles études, une carrière, deux filles et vit dans une maison d’architecte sur les hauteurs de Nancy. Elle a réalisé le programme des magazines et le rêve de son adolescence : se tirer, changer de milieu, réussir.
Et pourtant le sentiment de gâchis est là, les années ont passé, tout a déçu.
Christophe, lui, vient de dépasser la quarantaine. Il n’a jamais quitté ce bled où ils ont grandi avec Hélène. Il n’est plus si beau. Il a fait sa vie à petits pas, privilégiant les copains, la teuf, remettant au lendemain les grands efforts, les grandes décisions, l’âge des choix. Aujourd’hui, il vend de la bouffe pour chien, rêve de rejouer au hockey comme à seize ans, vit avec son père et son fils, une petite vie peinarde et indécise. On pourrait croire qu’il a tout raté.
Et pourtant il croit dur comme fer que tout est encore possible.
Connemara c’est cette histoire des comptes qu’on règle avec le passé et du travail aujourd’hui, entre PowerPoint et open space. C’est surtout le récit de ce tremblement au mitan de la vie, quand le décor est bien planté et que l’envie de tout refaire gronde en nous. Le récit d’un amour qui se cherche par-delà les distances dans un pays qui chante Sardou et va voter contre soi. ».
Ça raconte quoi ?
Ça raconte Hélène et Christophe. L’ancienne star de hockey du lycée végétant dans une ville de province, entre un père qui décline et une séparation difficile. La bonne élève insignifiante d’autrefois qui a fait carrière et vit la vie parfaite. Mariée, deux enfants, grande et belle maison.
Un homme et une femme à la quarantaine donc, qui se sont connus lorsqu’ils étaient au lycée. Ils se retrouvent un peu par hasard et entame une liaison. Comme une revanche sur le passé et un moyen de tuer un avenir tout tracé.
Et le style dans tout ça ?
Connemara est un livre bien écrit et d’une très grande justesse. Les personnages sont travaillés et très crédibles. On a l’impression de connaître Hélène, de connaître Christophe. Ils nous sont familiers et n’en sont que plus touchants dans la crise existentielle qui les pousse l’un vers l’autre. L’histoire progresse à bon rythme et certains passages sont de véritables claques.
Verdict ?
Connemara n’est pas un livre que je conseillerais à quelqu’un qui n’est pas en forme. Il est globalement assez sombre. Pourtant, c’est un livre qu’il faut lire et que j’ai beaucoup aimé, même si l’histoire – une relation extra-conjugale à la quarantaine – est en elle-même assez banale. Mais que l’on ne s’y trompe pas : la liaison n’est pour l’auteur qu’un prétexte .
Car Connemara est surtout et avant tout une photographie de la société dans laquelle nous vivons. Le portrait d’une génération qui a grandi avec des rêves et des ambitions plein la tête et à qui on a fait croire que tout était possible. Une génération qui a couru après des chimères et qui réalise au seuil de la quarantaine la vacuité de son existence. C’est en cela une oeuvre éminemment sociologique, sans concession, réaliste au point d’en être parfois cruelle.
Bref, un roman qui remue et qui touche par sa justesse et la grande qualité de son écriture.
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Lu en août 2022 à Saint Germain en Laye