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L’America de Michel Moutot : une histoire d’amour et de vendetta

13 octobre 2021

Dans cette chronique de L’America de Michel Moutot, roman publié chez Points, je vous embarque entre Sicile et Amérique sur les traces de deux amants séparés par leur origine sociale et par un crime de sang. Amour, aventures, exil, dépaysement et vengeance. Voilà qui résume en quelques mots ce roman divertissant et bien documenté, qui m’a plu malgré quelques réserves.

Je vous raconte …

 

Pourquoi ce livre ?

 

Ce livre, je l’ai gagné dans le cadre d’un concours Instagram ! Ça ne m’arrive jamais, alors quand j’ai reçu L’America de Michel Moutot dans ma boîte aux lettres un beau jour, c’était l’excitation d’un matin de Noël ! Un plaisir renforcé par l’adorable mot qui l’accompagnait. Un grand merci à Vincent,  Le Petit Poucet des Mots pour ce beau cadeau 🙂

 

La quatrième de couverture

 

« Marettimo, petite île au large de la Sicile, juillet 1902. Quand il tombe amoureux de la belle Ana, venue passer l’été dans la maison de son père, Vittorio Bevilacqua, jeune pêcheur, ne peut se douter qu’il met en marche un engrenage qui l’obligera à fuir à l’autre bout du monde. Ana est la fille de Salvatore Fontarossa, le fontaniero le plus puissant de Trapani, chef d’un clan mafieux enrichi dans les vergers de citrons de la ville. Don Salva envoie son fils aîné châtier le misérable qui a déshonoré sa fille. Mais la balle de revolver ne part pas, Vittorio se défend, le sang coule.  » Quitte cette île cette nuit, pars le plus loin possible. Va en America. Ne reviens jamais, ou nous sommes tous morts « , lui dit un ancien. De Naples à New York, puis de La Nouvelle-Orléans à la Californie, Vittorio tente d’oublier Ana. Enceinte de lui, elle surmontera toutes les épreuves. Pour, un jour, retrouver l’homme qu’elle aime ? À travers la trajectoire de deux amants en quête de liberté et que tout sépare, Michel Moutot signe un roman d’aventures passionnant sur l’essor de la Mafia et le destin des émigrants partis tenter leur chance en Amérique à l’aube du XXe siècle ».

 

Ça raconte quoi ? 

 

Sicile, début du 20e siècle. Un jeune pêcheur : Vittorio. La fille d’un parrain sicilien : Ana. Une histoire d’amour. La mafia et ses règles. Un crime de sang. Une fuite précipitée en Amérique. Des amants séparés. Une vie d’exil à réinventer. La détermination d’une femme amoureuse. La résilience et le courage du jeune pêcheur dans un pays plein d’opportunités. Des rebondissements. Du courage. La haine. L’obsession de la vengeance.

 

Et le style dans tout ça ?

 

Globalement, j’ai bien aimé L’America. C’est un roman bien écrit, le rythme est bon et les descriptions réalistes et convaincantes. De toute évidence, l’auteur s’est remarquablement documenté, car tout sonne très juste. Mention spéciale pour les scènes de traversée de l’Atlantique ou pour la manière dont sont mis en lumière le fonctionnement et les codes de la mafia. Le lecteur est facilement emporté et on s’ennuie pas.

Pourtant quelques petites choses m’ont gênée. Je pense en particulier à la multiplicité de passages à la première personne du singulier qui sont souvent bien en dessous du reste de la narration. Les réflexions de la jeune amoureuse transie sont par exemple mièvres à souhait, tandis que celles de son père sont exagérément caricaturales. Les mêmes messages auraient sans doute été mieux servis par une narration à la troisième personne. Enfin, c’est mon ressenti, qui vaut ce qu’il vaut … Moins dérangeant, on peut déplorer quelques longueurs sur les scènes de pêche (même si on sent que l’auteur maîtrise vraiment son sujet et que cela m’a appris pas mal de choses).

 

Verdict ?

 

Les premières pages de L’America m’avaient fait craindre une histoire mille fois racontée. Pensez donc, la riche jeune femme qui s’entiche du pauvre pêcheur malgré la farouche opposition de son père. Déjà vu ! Alors oui, j’ai eu très peur car l’auteur va vite en besogne et les premiers chapitres sont très (trop ?) prévisibles. Si l’on ajoute à cela, des passages à l’eau de rose qui m’ont fait lever les yeux au ciel plus d’une fois, vous comprendrez que c’était mal parti …

J’ai bien fait de poursuivre ma lecture car j’ai finalement passé un bon moment de lecture. J’ai tourné les pages avec conviction et ai eu plaisir à traverser cette histoire. En suivant Vittorio et Ana, j’ai été embarquée dans une aventure à rebondissements, d’une petite île de Sicile aux quartiers de San Francisco en passant par New York ou encore la Nouvelle Orléans. Dépaysement assuré !

Plus que l’histoire d’amour contrariée, c’est cette histoire d’honneur, de codes et de vengeance qui m’a séduite. L’exil, les stratagèmes, le réflexe de survie qui pousse le protagoniste à s’inventer mille vies et à se jeter corps et âme dans une course haletante pour échapper à son passé. Jusqu’à la scène finale qui m’a « cueillie » et laissée sans voix. Une fin surprenante et un peu brutale dont je me suis demandée pendant plusieurs jours si elle m’avait plu ou déplu. Avec le recul, je crois pouvoir affirmer qu’elle m’a plu.

Bref, L’America est roman d’aventures palpitant aux descriptions très convaincantes dont je vous recommande la lecture.

 

 

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Lu en août 2021 à Oulx et Marseille

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