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Les lions de Sicile de Stefania Auci : la fulgurante ascension des Florio

30 octobre 2021

« Incontournable et génial ». Voilà comment mes amies italiennes m’ont unanimement vendu ce livre, il y a déjà de nombreux mois. Véritable phénomène littéraire en Italie, Les lions de Sicile de Stefania Auci, est le premier tome d’une saga familiale, politique et sociale. L’histoire de la réussite insolante de deux frères calabrais dans le Palerme du 19e siècle. Basé sur des faits réels, Les lions de Sicile a fini par être traduit en français, chez Albin Michel. Il ne m’en fallait pas plus pour me ruer dessus. Je vous parle donc aujourd’hui de cette lecture plaisante mais qui ne m’a pas transportée autant que je l’imaginais.

 

Pourquoi ce livre ?

 

J’ai découvert Les lions de Sicilecomme je l’indiquais plus haut, sur les conseils de plusieurs amies italiennes. Aimant particulièrement les grandes sagas familiales où se mêlent fiction et histoire, il était évident que je ne passerai pas à côté. Rajouter à cela l’envie de me replonger dans l’ambiance si particulière de la Sicile et de raviver mes souvenirs d’un merveilleux séjour à Palerme et vous aurez compris pourquoi j’ai laissé de côté ma PAL pour lire ce roman au plus vite.

 

La quatrième de couverture

 

« 1799. Paolo et Ignazio Florio quittent leur Calabre natale pour s’installer à Palerme. Passionnés, ambitieux mais pauvres et de modeste origine, les deux frères et leur famille n’aspirent qu’à une chose : se hisser parmi les puissants de la ville. C’est sans compter le mépris des palermitains qui voient d’un mauvais oeil ces étrangers dont « le sang pue la sueur ». À force d’obstination et de volonté, les Florio, en se lançant dans le commerce d’épices, se frayent un chemin qui, un jour peut-être, leur donnera un empire. Mais leur réussite ne les protège pas de drames plus intimes, car Paolo et Ignazio, pourtant unis comme les cinq doigts de la main, aiment la même femme… »

 

Ça raconte quoi ? 

 

La quatrième de couverture pourrait laisser croire que ce roman est principalement une histoire de triangle amoureux alors que ce thème est en fait très secondaire. Je n’avais pas non plus compris à la lecture de la quatrième de couverture que le roman était fortement biographique. Il s’agit en effet d’une oeuvre inspirée de la véritable histoire des Florio, devenus en quelques générations une des familles les plus riches et influentes d’Italie. Un destin hautement romanesque qui se prêtait parfaitement à l’écriture d’une saga en plusieurs tomes.

Le récit s’ouvre sur un tremblement de terre dans un petit village de Calabre en 1799. Deux frères, Ignazio et Paolo Florio, la femme et le fils du second Giuseppina et Vincenzo ainsi qu’une jeune nièce orpheline parviennent à sortir indemnes de la catastrophe. Au moins physiquement. Car cet évènement en apparence banal va bouleverser la trajectoire des Florio et précipiter un départ vers Palerme. À la ville, les deux frères, malins et travailleurs, se lancent dans le commerce des plantes et épices. Boudés par une aristocratie ruinée mais revendiquant constamment une supériorité de classe, les jeunes entrepreneurs vont pourtant connaître une ascension sociale fulgurante. Jusqu’à fonder une véritable dynastie qui règnera sur tout Palerme. À une époque où la méritocratie signifie peu de choses face au « sang bleu », ces « lions de Sicile » comprennent bien vite que l’argent permet presque tout.

C’est un roman qui parle aussi du regret, du mal du pays, de l’impossibilité de vivre lorsque l’on est emprisonné dans le passé. De résilience, de la place des femmes et des sacrifices qu’elles sont condamnées à faire dans une société dirigée par les hommes.

 

Et le style dans tout ça ?

 

Globalement le style est fluide, agréable et bien mis au service de l’histoire. Ce gros pavé à la progression linéaire se lit bien même si on peut déplorer quelques longueurs ça et là et une première partie un peu poussive.

 

Verdict ?

 

Voici un livre que j’aurais sincèrement voulu aimé davantage. Pourtant, il m’aura manqué quelque chose. J’ai eu le sentiment de survoler un peu cette histoire, de ne pas pleinement me mettre dans l’ambiance. C’est sans nul doute ma faute car cette rentrée a été intense et j’ai dû lire Les lions de Sicile de manière un peu saccadée et pas forcément dans de bonnes conditions. Toujours est-il qu’il m’aura manqué quelque chose. Une étincelle ? Un rebondissement inattendu (même si je suis bien consciente que l’auteur n’a sans doute pas voulu/pas pu prendre trop de libertés avec l’histoire officielle) ? Et globalement de l’empathie pour les personnages même s’ils sont bien travaillés. Pour n’en citer qu’un, j’ai trouvé le personnage de Giuseppina particulièrement marquant et réussi, même si elle m’a copieusement exaspérée.

Pour finir sur une note positive, je dois dire que je reconnais de multiples qualités à ce livre. Il est bien écrit, bien documenté et permet de découvrir d’une belle façon cette dynastie italienne en même temps que les grands évènements qui ont marqué l’histoire de la Sicile et de l’Italie.

Enfin, et si j’osais un anachronisme, je dirais que cette success story entrepreneuriale du XIXe siècle a tout pour fasciner. Et elle est de fait impressionnante, bien que la progression du récit soit sans doute un peu attendue et linéaire. Les personnages sont bien décrits et très crédibles par rapport à leur milieu social et à l’époque. À cet égard, je soulignerais le contraste intéressant et fort bien amené entre les personnages masculins qui dans l’action, l’obsession de la réussite et sont tournés vers l’avenir et les personnages féminins dans la résilience, les idéaux et vivent emmurées dans leur présent voire leur passé.

Enfin si vous n’êtes pas convaincus par le début, accrochez-vous ! Car  la dernière partie, intense et crépusculaire, est pour moi la meilleure et celle qui m’a convaincue de lire la suite de cette saga malgré mon ressenti global un peu plus tiède que je ne l’aurais souhaité.

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Lu en octobre 2021 à Paris

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