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Mon mari de Maud Ventura : un premier roman original et grinçant

2 janvier 2022

Si vous avez vécu dans une grotte ces six derniers mois, vous êtes peut-être passés à côté de Mon mari, le premier roman de Maud Ventura. Dans le cas contraire, vous en aurez forcément au moins entendu parler. À mon tour, j’ai récemment lu et apprécié ce roman original et grinçant. Comme beaucoup de (très) bons romans sortis ces derniers mois, Mon mari est publié aux éditions L’iconoclaste.

 

Pourquoi ce livre ?

 

C’est le livre de la rentrée littéraire 2021 qui a mis toute une partie de la blogosphère et de Bookstagram en pâmoison. Il était donc exclu que je passe tout à fait à côté, encouragée par une avalanche de chroniques élogieuses et enthousiastes. Oui, j’ai lu ce livre par pure peer pressure et je l’avoue bien volontiers.

 

Ça raconte quoi ?

 

Peut-on être folle d’amour pour quelqu’un ? Peut-on aimer à s’en rendre malade, à développer des troubles compulsifs, à rentrer dans un état obsessionnel permanent ? Cette folie d’aimer, le personnage féminin sans prénom de Maud Ventura en fait l’expérience jour après jour. Entièrement dévouée à son mari – lui aussi sans prénom – elle traverse l’existence avec la peur panique qu’il la quitte, qu’il la trompe, que l’équilibre en apparence parfait de ce couple se brise.

Mon mari nous plonge dans les pensées les plus intimes de ce personnage névrosé sur une semaine complète, chaque chapitre étant un jour de la semaine. Jour après jour, elle décortique chaque fait et geste de son mari, analyse et interprète conversations et regards, échafaude des théories, imagine des scenarii et se livre à une véritable bataille intérieure. Un personnage tantôt attachant tantôt exaspérant mais toujours à fleur de peau. Sur le fil de la folie. Il suffirait d’un rien pour que tout dérape …

 

La quatrième de couverture 

 

« C’est une femme toujours amoureuse de son mari après quinze ans de vie commune. Ils forment un parfait couple de quadragénaires : deux enfants, une grande maison, la réussite sociale. Mais sous cet apparent bonheur conjugal, elle nourrit une passion exclusive à son égard. Cette beauté froide est le feu sous la glace. Lui semble se satisfaire d’une relation apaisée : ses baisers sont rapides, et le corps nu de sa femme ne l’émeut plus. Pour se prouver que son mari ne l’aime plus – ou pas assez – cette épouse se met à épier chacun de ses gestes comme autant de signes de désamour. Du lundi au dimanche, elle note méthodiquement ses « fautes », les peines à lui infliger, les pièges à lui tendre, elle le trompe pour le tester. Face aux autres femmes qui lui semblent toujours plus belles, il lui faut être la plus soignée, la plus parfaite, la plus désirable.
On rit, on s’effraie, on se projette et l’on ne sait sur quoi va déboucher ce face-à-face conjugal tant la tension monte à chaque page. Un premier roman extrêmement original et dérangeant ».

 

Et le style dans tout ça ?

 

Mon mari se lit vite et bien. Une écriture fluide et sans chichis. Des chapitres ni trop courts ni trop longs. Je n’ai pas été époustouflée mais j’ai bien aimé ce style qui était parfaitement approprié à l’histoire.

 

 

Verdict

 

Grinçant. Mordant. Glaçant. Effrayant. Parfois drôle (référence au passage sur la clémentine 😉 ). Les adjectifs ne manquent pas pour décrire cette lecture.

Mon mari est un livre plaisant que l’on dévore en quelques heures, au rythme des jours de la semaine qui cadencent ce court roman. On le lit avec un sourire gêné aux lèvres, plaignant cette pauvre femme pathétique, enfermée dans ses obsessions maladives. Spectateur jusque dans les moindres détails de son quotidien, on la plaint, on éprouve de la pitié, quand elle ne nous irrite pas franchement. Maud Ventura réussit parfaitement le pari de nous tenir en haleine jusqu’aux toutes dernières lignes. Capturant l’attention du lecteur dès la première page, elle le maintient dans un état de tension allant crescendo. Avec la fin, c’est l’aspect que j’ai trouvé le plus réussi. On se dit que c’est certain : la situation va déraper. Oui mais quand et surtout comment ?

Pour le savoir, il faudra vous plonger dans ce premier roman convaincant au dénouement original.

 

* * * * *

Lu à Saint Germain en Laye en novembre 2021

 

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