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Revenir à toi de Léonor de Recondo : surmonter l’abandon

4 décembre 2021

J’ai lu le dernier Léonor de Récondo … Revenir à toi, publié chez Grasset. Un court roman chargé en émotions qui traite de l’abandon, de la dépression qui détruit tout sur son passage, des blessures dont on ne guérit jamais et de celles que l’on parvient parfois, au prix d’un vrai travail sur soi, à surmonter.

 

Pourquoi ce livre ?

 

Vous connaissez maintenant mon obsession pour tout ce qu’écrit Léonor de Récondo. Sa plume est d’une justesse et d’une beauté qui provoquent toujours chez moi une vive émotion. Alors naturellement, toute sortie d’un nouveau livre est vécue comme une fête ! Pour être honnête, je n’ai même pas pris la peine de lire la quatrième de couverture. Léonor de Recondo l’a écrit ? Alors je le lis. Point.

 

La quatrième de couverture

 

« Lorsqu’elle reçoit un message lui annonçant qu’on a retrouvé sa mère, disparue trente ans plus tôt, Magdalena n’hésite pas. Elle prend la route pour le Sud-Ouest, vers la maison éclusière dont on lui a donné l’adresse, en bordure de canal.
Comédienne réputée, elle a vécu toutes ces années sans rien savoir d’Apollonia. Magdalena a incarné des personnages afin de ne pas sombrer, de survivre à l’absence. Dès lors que les retrouvailles avec sa mère approchent, elle est à nu, dépouillée, ouverte à tous les possibles.
Revenir à toi, c’est son voyage vers Apollonia. Un voyage intérieur aussi, vers son enfance, son père, ses grands-parents, ses amours. Un voyage charnel, parenthèse furtive et tendre avec un jeune homme de la région. Lentement se dévoile un secret ancien et douloureux, une omission tacitement transmise.
Revenir à toi, c’est aussi un hommage à Antigone et aux grands mythes littéraires qui nous façonnent. Magdalena a donné vie à des personnages, elle est devenue leur porte-voix. Devant Apollonia, si lointaine et si fragile, sa voix intérieure se fait enfin entendre, inquiète mais déterminée à percer l’énigme de son existence.
En l’espace de quelques jours, dans cette maison délaissée, Magdalena suit un magnifique chemin de réconciliation avec l’autre et avec elle-même. Vie rêvée et vie vécue ne font désormais qu’une ».

 

Ça raconte quoi ? 

 

Elle est belle, très belle, Magdalena. Actrice plantureuse, terriblement charismatique et pourtant si fragile. Car Magdalena, passionnée de théâtre et de tragédies grecques, vit avec une blessure qui n’a jamais guéri. Celle du manque de sa mère. Apollonia, en proie à la dépression a un jour quitté le domicile familial pour ne plus revenir. L’abandon, l’incompréhension, la colère, l’absence, la résignation : Magdalena les a vécus dans sa chair et mis au service de son art.

Quand des années plus tard, on lui annonce avoir retrouvé la trace de cette mère absente, Magdalena se précipite sur ses traces sans trop savoir ce qu’elle va trouver au bout du chemin.

Je m’arrêterais là pour ne pas trop en dévoiler car je trouve que la quatrième de couverture en dit trop.

 

Et le style dans tout ça ?

 

Efficace et maîtrisé, comme toujours. Un style moins poétique et plus réaliste, adapté à l’histoire. qui m’a convaincue, même si je conserve un faible pour les premiers romans de Léonor de Récondo. Une lecture courte sans délayage inutile.

 

Verdict ?

 

Est-ce que j’ai aimé Revenir à toiLa réponse est oui. Je l’ai lu en deux jours et c’est une lecture que j’ai appréciée. L’histoire est bien construite, bien écrite, avec des passages poignants et ce qu’il faut d’émotion.

Ce n’est pourtant pas un coup de coeur. Je l’ai écrit plus haut, la quatrième de couverture dévoile absolument tout ce qu’il y a à retenir de ce livre et c’est vraiment dommage. Ensuite, la petite évolution dans le style de Léonor de Récondo (moins poétique et plus réaliste) était sans doute bienvenue dans une histoire comme celle de Revenir à toi, mais on s’éloigne de la plume que j’avais adoré dans Pietra Viva, Rêves oubliés, Amours ou La grâce du cyprès blanc (un de mes livres favoris). Enfin c’est un livre qui selon moi n’aura aucun mal à trouver son public mais j’avoue ne pas avoir été dans le coeur de cible cette fois-ci.

 

 

Quelques passages choisis

 

« Magdalena foule toutes les années de supplice, piétine les nuits passées à supplier sa mère de revenir. Elle saccage l’absence, l’enjambe. Et chaque pas la rapproche de la maison éclusière ». 

 

 

« La nuit est profonde, substance marine mêlée de noir, qui noie les étoiles à cette heure-ci. Ciel d’encre, lune absente ». 

 

 

« Tout le corps de Magdalena s’effondre le long de la porte. Elle pleure les années passées à attendre, ces années perdues à errer à la quête d’un amour qui viendrait combler le vide béant. Toutes ces années à croire qu’un regard peut remplacer celui qui s’est détourné ».

 

 

« Joie d’explorer un nouveau monde, celui de l’autre, ce qu’il promet d’irrésolu et de grâce lorsque les peurs se recroquevillent au coeur de ce baiser, le premier ».

 

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Lu en novembre 2021 à Paris

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