Grand Prix des Lectrices Elle | Lectures

Proust, roman familial de Laure Murat : aristocratie et littérature

6 septembre 2024

J’ai pour habitude de dire que j’ai une tendresse particulière pour les récits familiaux. Quand j’ai reçu Proust, roman familial dans le cadre du Grand Prix des Lectrices Elle, j’ai pensé que le récit autobiographique de Laure Murat, descendante d’une famille d’Empire et de l’ancien régime me captiverait. Et pourtant, il me faut confesser ici ne pas avoir été touchée par ce texte, publié chez Robert Laffont.

 

De quoi parle ce livre ?

 

Dans Proust, roman familial, l’autrice dissèque l’œuvre de Proust et son regard sur l’aristocratie pour mieux comprendre les ressorts de sa propre histoire. Née princesse Murat, Laure Murat appartient à la fois à la noblesse d’Ancien régime et d’Empire. Pourtant, elle grandit en haïssant ce milieu rigide, où les apparences comptent plus que les sentiments ou l’épanouissement personnel. Une critique de l’aristocratie autant qu’une réflexion sur le pouvoir de la littérature sur les êtres.

 

Mon expérience de lecture

 

Ici, aucune tendresse dans le récit familial. Au contraire, on perçoit beaucoup de douleur, de ressentiment et de rejet sous la plume de l’auteur, notamment lorsqu’il est question de ses rapports avec sa mère. Pas facile d’être un électron libre dans un monde où tout est codifié. Pas facile d’être homosexuelle dans un milieu encore tellement obsédé, au XXIe siècle, par le qu’en dira t-on et la morale. Pourtant, je n’ai pas été touchée comme j’aurais pu et aimé l’être.

Ce qui fait la force et la faiblesse de ce texte, me semble t-il, c’est la mise en perspective de cette histoire personnelle avec l’œuvre de Proust. Un angle intéressant si l’on a lu et que l’on maîtrise Proust, j’imagine. Un parti pris (trop) élitiste toutefois si l’on veut toucher un large public. Je me considère comme lettrée et amoureuse de la littérature. Pourtant, j’avoue sans honte n’avoir jamais lu Proust et lui avoir préféré d’autres auteurs classiques. C’est donc naturellement que je suis restée hermétique à ce texte et suis, comme j’imagine d’autres lectrices, passé à côté d’une belle expérience de lecture.

Ce qui sauve pour moi ces pages, c’est l’écriture extrêmement maîtrisée et aboutie de Laure Murat. C’est un bonheur de lire un texte écrit dans une langue précise employant un vocabulaire choisi et une syntaxe impeccable. Sans doute la raison pour laquelle Laure Murat a reçu le Prix Médicis dans la catégorie Essai en 2023.

 

En conclusion …

 

En conclusion, je conseillerais volontiers Proust, roman familial à qui a lu et aimé Proust. Quant à moi, il ne me reste plus qu’à soigner ma terrible carence proustienne, en me lançant à mon tour « À la recherche » !

 

 

Lu à Saint-Germain-en-Laye en janvier 2024

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