Lectures

Lettre d’une inconnue de Stefan Zweig : une nouvelle courte et puissante

11 mai 2018

C’est en une heure que j’ai lu Lettre d’une inconnue de Stefan Zweig, publié chez Stock, dans la collection La Cosmopolite. Si vous me suivez régulièrement, vous savez que c’est une collection que j’aime beaucoup. Rappelez-vous Les huit montagnes de Paolo Cognetti

Aujourd’hui, je vous parle de Stefan Zweig et de cette nouvelle de 105 pages qui se lit vite et ne laisse pas indifférent.

 

Pourquoi ce livre ?

 

Parce que Lettre d’une inconnue traînait dans ma bibliothèque, sans doute rangé là par erreur par ma sœur. Parce que le soleil ayant enfin décidé de pointer le bout de son nez, je mourais d’envie d’aller lire sur une chaise longue. Et enfin, parce que je voulais un livre court et rythmé, avant de me lancer dans les gros pavés qui m’attendent sur ma pile de livres à lire dans les prochaines semaines.

Ce n’était donc pas une lecture préméditée mais elle n’en fut pas moins agréable.

 

Ça raconte quoi ?

 

Comme son nom l’indique, cette nouvelle est une lettre. Hormis quelques paragraphes introductifs, qui posent le décor, et quelques lignes de conclusion, le texte est une lettre, rédigée à la première personne.

Deux protagonistes. Un écrivain, la quarantaine, reçoit la très longue lettre … d’une inconnue. Mais l’est-elle vraiment, d’ailleurs ? La jeune femme, qui vient de perdre son fils unique, se livre dans une confession naïve et bouleversante. Elle y avoue à cet homme qu’elle a aimé toute sa vie, de loin, la nature et l’étendue de ses sentiments.

Ce livre est avant tout une illustration des ravages de l’amour à sens unique, dans tout ce qu’il a de plus absurde. Et franchement, aussi, dans tout ce qu’il a de pathétique. Stefan Zweig décrit également la cruauté de l’amour qui naît chez un sujet jeune et l’obsession malsaine qui souvent en découle.

 

La quatrième de couverture

 

« « C’est depuis cette seconde que je t’ai aimé. Je sais que les femmes t’ont souvent dit ce mot, à toi leur enfant gâté. Mais crois-moi, personne ne t’a aimé aussi fort – comme une esclave, comme un chien –, avec autant de dévouement que cet être que j’étais alors et que pour toi je suis restée. Rien sur la terre ne ressemble à l’amour inaperçu d’une enfant retirée dans l’ombre ; cet amour est si désintéressé, si humble, si soumis, si attentif et si passionné que jamais il ne pourra être égalé par l’amour, fait de désir, et, malgré tout, exigeant, d’une femme épanouie. » Un amour total, passionnel, désintéressé, tapi dans l’ombre, n’attendant rien en retour que de pouvoir le confesser. Une blessure vive, la perte d’un enfant, symbole de cet amour que le temps n’a su effacer ni entamer. L’être aimé objet d’une admiration infinie mais lucide. Une déclaration fanatique, fiévreuse, pleine de tendresse et de folie. La voix d’une femme qui se meurt doucement, sans s’apitoyer sur elle-même, tout entière tournée vers celui qu’elle admire plus que tout. La voix d’une femme qui s’est donnée tout entière à un homme, qui jamais ne l’a reconnue.
Avec Lettre d’une inconnue, Stefan Zweig pousse plus loin encore l’analyse du sentiment amoureux et de ses ravages, en nous offrant un cri déchirant d’une profonde humanité. Ici nulle confusion des sentiments : la passion est absolue, sans concession, si pure qu’elle touche au sublime ».

 

Et le style dans tout ça ?

 

C’est une lettre. Le style est donc direct et sans fioriture, même si certaines phrases sont poignantes et retiennent l’attention.

 

Verdict

 

« Cruel gâchis », voilà les mots qui me viennent à l’esprit à l’instant où je referme cette nouvelle, dont je suis incapable de dire si elle m’a vraiment plu.

En plongeant dans Lettre d’une inconnue, le lecteur devient le témoin impuissant d’une déclaration déchirante, pathétique et excessive. Page après page, il prend la mesure des ravages du cœur. De la fragilité de la vie face à la puissance d’un sentiment né au cœur de l’adolescence.

La preuve qu’on peut passer à côté de sa vie par obsession pour la mauvaise personne. La preuve aussi qu’on peut mourir d’amour sur un malentendu.

   

Pour qui ?

 

Tout public

 

Mes passages et citations préférés

 

« Je crus que cette tendresse ne s’adressait qu’à moi, à moi seule ; cette unique seconde suffit à éveiller la femme en l’adolescente que j’étais, et cette femme fut à toi pour toujours » (p.32)
 
«  Je sais que je te raconte là de grotesques exaltations et de puériles folies. Je devrais en avoir honte, mais non, je n’ai pas honte, car jamais mon amour pour toi ne fut plus pur et plus passionné que dans ces excès enfantins » (p.38)
 
« Tous les hommes, tous, m’ont gâtée ; tous se sont montrés bons envers moi, toi, toi seul tu m’as oubliée, toi, toi seul, tu ne m’as jamais reconnue » (p.100)

 

 

Lu à la maison le 5 mai 2018

* * * * * 

 

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *