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Miroir de nos peines de Pierre Lemaitre : dernier acte d’une trilogie d’antologie

24 mars 2020

En refermant Miroir de nos peinesle dernier Pierre Lemaitre, je referme plus de cinq ans pendant lesquels j’ai aimé découvrir les personnages si marquants qui ont façonné cette trilogie. C’est donc avec une certaine tristesse que se clôt ce  beau chapitre, dans une ambiance très spéciale.

Lire un livre qui traite de l’exode des parisiens vers les campagnes pendant la seconde guerre mondiale, au moment où nous avons précipitamment quitté Paris pour nous aller nous réfugier en province … Voilà une coïncidence que j’aurais préféré éviter. Pourtant, à l’aulne de ce que nous étions en train de vivre, le récit de ces scènes d’exode a pris une dimension inattendue. Sans comparer une véritable guerre à ce que nous vivons, force est de constater que les excès des êtres humains n’ont pas d’époque.

Mais bon, revenons au livre ! Il vaut vraiment le détour …

 

Pourquoi ce livre ?

 

Souvenez-nous de mon coup de coeur absolu pour Au revoir là-haut à sa sortie. Avec le recul, je pense ne pas exagérer en affirmant qu’il s’agit d’un de mes plus beaux souvenirs de lecture de ces dernières années. Rien que ça ! Comment oublier Albert Maillard et Edouard Péricourt et leur amitié improbable née sur les champs de bataille de la première guerre mondiale ?

Enthousiasmée comme pas deux par cette plume piquante et ses personnages tantôt attachants tantôt détestables, je me suis ruée sur Couleurs de l’incendie à sa sortie. J’ai également beaucoup aimé cette histoire où l’on retrouve Madeleine Péricourt dans l’entre deux guerres.

Il ne m’en fallait pas plus pour me ruer sur Miroir de nos peines,  dès sa sortie.

 

Peut-on lire Miroir de nos peines sans avoir lu les deux premiers tomes ? 

 

Absolument ! En fait, ce n’est pas une vraie trilogie. Ce sont trois histoires qui se suivent dans le temps. On retrouve simplement certains personnages d’un livre à l’autre, évoqués de manière anecdotique. Les histoires elles-mêmes sont autonomes et peuvent vraiment se lire séparément. Après, si vous voulez mon avis, ne vous privez pas de lire les trois, et dans l’ordre !

 

Ça parle de quoi ? 

 

« Miroir de nos peines ».  Le titre est très beau mais je dois confesser que je n’en ai toujours pas compris le sens. Même après avoir lu le livre. Miroir de nos peinesdonc, raconte les destins croisés de plusieurs personnages en pleine débâcle.

Ils s’appellent Louise, Raoul, Fernand, Désiré, Gabriel … Tous sont confrontés à l’emballement de la guerre au printemps 1940, et à l’arrivée des allemands. Petit voyou, soldat intègre, grand imposteur, ou jeune femme en quête de réponses : Pierre Lemaitre n’a pas son pareil pour donner à ses personnages vices et vertus en tout genre et pour illustrer les nombreuses facettes de l’être humain. Confrontés aux pires situations, les personnages révèlent toute la complexité de leur caractère. De l’adversité naissent compassion et héroïsme ordinaires mais aussi bassesses et supercheries extraordinaires.

Jetées par l’exode sur les routes de France, empruntant les chemins de la privation et de la peur, saisissant les opportunités ou se laissant simplement porter par les évènements, ces individualités finiront par se rencontrer. Et peut-être aussi par se trouver.

La quatrième de couverture 

 

Avril 1940. Louise, trente ans, court, nue, sur le boulevard du Montparnasse. Pour comprendre la scène tragique qu’elle vient de vivre, elle devra plonger dans la folie d’une période sans équivalent dans l’histoire où la France toute entière, saisie par la panique, sombre dans le chaos, faisant émerger les héros et les salauds, les menteurs et les lâches… Et quelques hommes de bonne volonté.
Il fallait toute la verve et la générosité d’un chroniqueur hors pair des passions françaises pour saisir la grandeur et la décadence d’un peuple broyé par les circonstances.
Secret de famille, grands personnages, puissance du récit, rebondissements, burlesque et tragique… Le talent de Pierre Lemaitre, prix Goncourt pour Au revoir là-haut, est ici à son sommet.

 

Et le style dans tout ça ? 

 

Comme j’aime le style de Pierre Lemaitre ! J’aime son piquant, son humour, son attrait pour les situations cocasses. Et que dire du soin apporté à la descriptif psychologique mais aussi physique de ses personnages. Mention spéciale pour les portraits de Désiré et de Monsieur Jules, qui m’ont beaucoup amusée.

Il y a beaucoup de Balzac chez Pierre Lemaitre et sa manière de peindre dans toutes ses dimensions le portrait d’une époque à travers des personnages à la personnalité marquée et marquante. Le profiteur, le voyou, la jeune innocente, le riche, le pauvre, le lâche, l’homme ordinaire que les circonstances poussent à des actes extraordinaires.

Plus généralement, j’aime son écriture. À la fois fluide et complexe, légère mais grave. J’aime le ton souvent plaisantin qui agrippe le lecteur, et la puissance du récit livré par un véritable conteur.

 

Verdict 

 

Délectation ! Voilà le mot qui illustre le plaisir que j’ai pris en lisant ce grand roman.

Jubilatoire ! C’est l’adjectif qui qualifie pour moi l’écriture de Pierre Lemaitre.

En refermant Miroir de nos peines, je quitte à contre coeur et déjà pleine de nostalgie l’univers si particulier qui m’a accompagnée ces dernières années. Edouard, Albert, Madeleine et maintenant Louise, Raoul ou encore Monsieur Jules resteront longtemps gravés en moi.

Il faut lire ce livre pour ses personnages, pour l’écriture de Pierre Lemaitre. Mais aussi pour se rappeler qu’il y a de la lumière en toute chose. Et que même de tragédies peuvent naître de merveilleuses histoires.

 

Que lire de cet auteur ?

 

Les deux premiers tomes de cette fantastique série bien entendu ! Les chroniques sont à retrouver en cliquant sur les liens ci-dessous.

 

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