L’actualité me pousse à vous parler aujourd’hui de mon coup de coeur de 2013, Au revoir là-haut de Pierre Lemaitre, publié aux Éditions Albin Michel.
J’avais prévu de vous parler plus tard de ce petit chef d’oeuvre que j’ai lu fin 2013. Toutefois, en me baladant dans Paris, j’ai aperçu des affiches faisant la promotion d’Au revoir là-haut, le film ! Quelle ne fut pas ma (bonne) surprise ! En effet, j’ai adoré ce livre, que j’ai énormément offert autour de moi. Alors, je ne résiste pas au plaisir de vous en parler dès maintenant !
Pourquoi ce livre ?
Je suis tombée sur Au revoir là-haut chez un ami. Il l’avait acheté mais pas encore lu. Par curiosité, j’ai lu la quatrième de couverture et ai immédiatement su qu’il me fallait ce livre.
Quatrième de couverture
« Pour le commerce, la guerre présente beaucoup d’avantages, même après. Sur les ruines du plus grand carnage du XXesiècle, deux rescapés des tranchées, passablement abîmés, prennent leur revanche en réalisant une escroquerie aussi spectaculaire qu’amorale. Des sentiers de la gloire à la subversion de la patrie victorieuse, ils vont découvrir que la France ne plaisante pas avec ses morts…
Fresque d’une rare cruauté, remarquable par son architecture et sa puissance d’évocation, Au revoir là-haut est le grand roman de l’après-guerre de 14, de l’illusion de l’armistice, de l’État qui glorifie ses disparus et se débarrasse de vivants trop encombrants, de l’abomination érigée en vertu. Dans l’atmosphère crépusculaire des lendemains qui déchantent, peuplée de misérables pantins et de lâches reçus en héros, Pierre Lemaitre compose la grande tragédie de cette génération perdue avec un talent et une maîtrise impressionnants ».
Ca raconte quoi ?
L’histoire commence sur les champs de bataille, dans les derniers mois de la guerre. Issus de milieux sociaux différents, deux soldats, Albert et Edouard, vont être liés par les évènements et se sauver mutuellement la vie. Plus rien ne sera jamais plus pareil ensuite.
Je n’ai pas envie d’en dire beaucoup plus car il serait dommage de trop en dévoiler. Sachez juste qu’ensuite, le roman nous plonge dans l’immédiat de l’après-guerre de 14-18. On est alors souvent loin des heures glorieuses promises aux vainqueurs. « Gueules cassées », faux héros, profiteurs et autres opportunistes, c’est un portrait sans concession d’une société exsangue que brosse Pierre Lemaitre. Et au milieu de ce marasme, un peu de lumière …
Et le style dans tout ça ?
L’écriture est belle et fluide. C’est un page-turner dont j’ai vraiment beaucoup apprécié la lecture. En outre, Pierre Lemaitre excelle dans la description de ses personnages. Tantôt vils, tantôt héros ordinaires et si profondément humains.
Verdict ?
On tourne les pages avec frénésie et délectation. J’ai été littéralement happée par ce roman.
Il y aurait des dizaines de raisons de vous conseiller ce livre. Mais plutôt que d’en faire la liste, je préfère partager avec vous ce qu’il me reste de mon expérience de lecture, presque quatre ans plus tard.
D’abord, je me souviens de l’émotion et du plaisir que j’ai eu à lire ce livre. Et n’est-ce pas un des critères les plus importants : prendre du plaisir à la lecture d’un ouvrage ?
Ensuite, l’histoire en elle-même est assez fascinante parce qu’elle traite d’un thème que l’on a peu ou pas l’habitude de croiser. Les dessous de l’après-guerre. L’envers du décor d’une gloire nationale en quelque sorte. Avec beaucoup d’habileté, Pierre Lemaitre nous livre donc une histoire singulière, avec gravité mais aussi parfois avec humour.
Enfin, Au revoir là-haut offre un incroyable portrait de l’Homme, dans tout ce qu’il a de plus noble et dans ce qu’il a de plus vil et abject. Il y a tout dans ce livre : l’entraide, l’amitié, la bravoure, la bassesse, le mensonge, la violence, l’amour, l’altruisme, le talent, la misère, l’exploitation de la douleur, la vénalité, l’arrivisme, les différences de classes, la psychologie de la reconstruction de soi, l’attitude face à la dureté de l’existence, le pardon, la gestion du choc post-traumatique et tant d’autres choses encore.
J’espère que le film d’Albert Dupontel (que je vais voir demain) donnera envie à autant de personnes de lire le livre de Pierre Lemaitre, que le livre m’a donné envie de voir le film.
Pour quel public ?
Tout public.
Mes morceaux et citations préférés :
» La terre est si lourde, presque plus de lumière, juste encore les soubresauts de la terre fracassée par les obus qui là-haut continuent de pleuvoir, après quoi plus rien d’autre n’entre en lui. Rien. Seulement un râle. Puis une grande paix l’envahit. Il ferme les yeux. Il est pris d’un malaise, son coeur s’effondre, sa raison s’éteint, il sombre ».
« Sa détermination féroce tenait, bien sûr, à ce qu’il haïssait les Allemands au-delà de toute limite, de manière quasiment métaphysique, mais aussi au fait qu’on s’acheminait vers l’issue et qu’il lui restait très peu de temps pour profiter des chances qu’un conflit comme celui-ci, exemplaire, pouvait prodiguer à un homme comme lui » .
« Il s’était montré patient, pédagogue, convaincant mais il avait échoué ; ce qui le séparait d’Albert, ce n’était pas un désaccord, c’était une culture ; il le trouvait petit, mesquin, sans envergure, sans ambition, sans folie ».
« Il savait qu’on se remet de tout, mais depuis qu’il avait gagné la guerre, il avait l’impression de la perdre un peu plus chaque jour ».
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Lu entre décembre 2013 et janvier 2014, entre Tours au coin du feu et Washington. Fini sur le tarmac de JFK direction Paris le 26 janvier 2017.