Attention chef d’œuvre ! J’ai lu Veiller sur elle à sa sortie, bien avant l’avalanche d’éloges et de prix littéraires et ne peux que me féliciter d’avoir été parmi les tous premiers lecteurs à découvrir ce texte. L’aurais-je moins apprécié si j’avais su que ce merveilleux roman était destiné à recevoir le Goncourt ? Mes attentes auraient-elles étaient modifiées ? Peut être … Raison pour laquelle je suis heureuse de n’avoir été influencée par personne dans mon ressenti.
En préambule, il me faut confesser que Jean-Baptiste Andrea est un auteur que je suis avec attention depuis le fabuleux Des diables et des saints, qui a été pour moi un véritable coup de cœur (peut être encore plus que celui-ci). J’aime sa plume travaillée et délicate. J’aime être bouleversée aux larmes par la beauté d’un paragraphe. J’aime sa sensibilité et l’authenticité de ces personnages.
Veiller sur elle, c’est tout cela. Le souffle romanesque en plus !
De manière méritée, il a reçu le Prix Goncourt, le Prix du Roman Fnac et le Grand Prix des Lectrices Elle 2024 (un peu grâce à moi : il a eu ma meilleure note !)
De quoi parle ce livre ?
Veiller sur elle s’ouvre sur un homme qui se meurt dans une cellule d’un monastère dans le Piémont italien (non loin de Oulx d’ailleurs). Sa présence auprès des moines est tenue secrète, tout comme une mystérieuse œuvre que le Vatican tient à l’abri des regards …
Cet homme, c’est Mimo. Abandonné enfant par sa mère chez un oncle pour y apprendre la sculpture. Pauvre et maltraité, Mimo a pourtant un don que de riches mécènes ne tardent pas à repérer. C’est à cette occasion qu’il rencontre la volcanique et fantasque Viola Orsini. Tout les oppose et pourtant… De cette rencontre va naître une improbable amitié, résistante à toutes les épreuves et qui durera toute leur vie. Un roman d’apprentissage et d’amitié sur fond d’histoire de l’Italie, romanesque à souhait et esthétiquement sublime. Un roman sur la création artistique aussi, sur les traces d’une oeuvre énigmatique.
Mon expérience de lecture
Contrairement à ce que l’on a pu lire partout, je ne décrirai absolument pas ce roman comme une belle histoire d’amour. Je trouve cette description à la fois erronée et terriblement réductrice. Car précisément, j’ai aimé Veiller sur elle car Jean-Baptiste Andrea ne tombe pas dans la facilité de nous offrir une histoire d’amour attendue entre ses deux protagonistes. Non, il lui préfère une histoire d’amitié forte, parfois contrariée mais indestructible et infiniment plus intéressante qu’une énième romance entre deux jeunes gens de milieux différents.
De la même manière, l’auteur évite l’écueil de proposer des personnages caricaturaux et sans relief. Ici, le héros est un anti-héros que l’on admire autant que l’on a envie de le détester. Quant à l’héroïne, l’inoubliable Viola, elle n’est ni vraiment belle ni exempte de défauts. Pourtant, ils se subliment mutuellement et s’accompagnent sur le chemin de la vie. Une vie de succès portée par un talent considérable pour la sculpture pour l’un et une vie à la recherche de liberté et d’émancipation pour l’autre.
J’ai tout aimé dans ce roman : qu’il se déroule en Italie et soit écrit comme une immense fresque sur plusieurs décennies ; qu’il explore cette relation si spéciale entre les deux protagonistes ; qu’il aborde les ressorts de la création artistique et mette en valeur l’art délicat et sensuel de la sculpture ; que page après page se confirme le talent immense de Jean-Baptiste Andrea qui nous offre une nouvelle fois une écriture remarquable d’une grâce infinie et que la fin ne soit ni convenue ni attendue. Une fin qui m’a laissée une larme sur la joue et un sourire discret au coin des lèvres.
En conclusion
N’écoutez pas les aigris qui snobent ce texte parce que pas assez intello pour le Goncourt.
C’est un chef d’œuvre, à lire absolument ! Et tant mieux si c’est un texte accessible qui plaira au plus grand nombre. Cela ne lui enlève aucune de ses très nombreuses qualités. Si vous aimez les histoires marquantes, remarquablement écrites avec du souffle, de l’aventure et de l’émotion : jetez vous sans tarder sur ce bijou.
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Lu à sa sortie en 2023 à Saint-Germain-en-Laye
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