Grand Prix des Lectrices Elle | Lectures

Kaddour de Rachida Brakni : le deuil d’un père

15 août 2024

Le cru 2024 du Grand Prix des Lectrices a fait la part belle aux essais sur la gestion du deuil. Après mon coup de coeur pour Grand Seigneurje vous parle aujourd’hui de Kaddour de Rachida Brakni. Un texte hommage au père de la comédienne.

 

De quoi parle ce livre ?

 

Kaddour de Rachida Brakni est un texte hommage à un père aimé et disparu par sa fille aînée. Ce texte très personnel plonge le lecteur aux premières heures du deuil, au cœur de l’intimité et des traditions d’une famille algérienne immigrée en France. Au fil de ce court récit de deux cent pages, le lecteur accompagne l’autrice durant les quelques jours qui suivirent le décès de son père. Un espace où le temps se dilate, empli par un intense chagrin et l’incertitude quant au sort qui sera réservé à la dépouille de ce père dans le contexte de la crise sanitaire du Covid. Une période de transition vers une vie sans figure paternelle structurante.

 

Mon expérience de lecture

 

Témoignage sincère et touchant, ce texte a quelque chose d’universel et peut parler à tout type de lecteur. L’autrice y partage sa tristesse, le sentiment de vide face à la perte immense et dévastatrice d’un père. « A moi de redessiner un territoire où nous retrouver, duquel j’explorerai la région du manque et de l’absence, en silence, nous dialoguerons … ».

L’écriture est belle et simple, tout en restant accessible et fluide. Quelques touches un peu lyriques ça et là mais quoi de plus normal lorsque l’on écrit avec son cœur et son chagrin ? L’autrice réussit l’exercice, difficile, de parler de soi avec sincérité et ce qu’il faut de discernement et de lucidité.

Enfin, dans Kaddour, Rachida Brakni convoque également des thèmes importants : l’exil, le tiraillement d’une génération entière d’immigrés algériens, le fossé entre la première et la seconde génération, l’ambiguïté du rapport à la France, la difficulté de voir ses enfants devenir les enfants d’un autre pays et de réussir loin de ses propres origines et coutumes. D’ailleurs, c’est peut être cet aspect qui est le plus intéressant (car le moins subjectif et personnel). Il donne de la matière à ce texte qui, autrement, serait davantage le journal de bord des premiers jours d’un deuil qu’un essai susceptible d’attirer un grand nombre de lecteurs.

 

En conclusion

 

Un texte sincère et plaisant. À lire plus sous l’angle de la réflexion autour des questions d’immigration et d’identité que pour le récit lui-même.

 

Si le thème de la perte d’un proche vous intéresse …

 

 

Lu à Tours en mars 2024

* * *

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *