Portrait sociologique du vieux Sud des Etats-Unis, crime dans un lycée, opposition noirs/blancs, enquête menée par un shérif noir désireux d’être en tout point exemplaire, intégrismes religieux … Voilà ce qui vous attend avec Le sang des innocents.
Un polar américain convaincant qui a remporté le Grand Prix des Lectrices 2024. Une victoire méritée pour un livre complet qui se lit bien. Pas un coup de coeur pour autant.
De quoi parle ce livre ?
Dans le sud des Etats-Unis, Titus Crown, récemment élu shérif, s’est fixé pour objectif de servir les deux composantes de la population du comté de Charon. Car dans ce sud marqué par l’histoire et la mémoire de la guerre de Sécession, noirs et blancs cohabitent sans vraiment s’accepter, la pratique intégriste de la religion perdure et les tensions resurgissent par cycle.
Lorsqu’éclate une fusillade dans le lycée du comté et qu’un professeur aimé de tous est assassiné par Latrell, un jeune noir, Titus craint qu’une nouvelle « saison des larmes » ne débute à Charon. Avec l’application d’un bon élève cherchant à tout faire dans les règles sans s’attirer de critiques d’un camp comme de l’autre, Titus se lance à la poursuite de la vérité et à la recherche des coupables. Une enquête qui ravive des souvenirs douloureux pour le shérif. Un passé marqué par le deuil impossible d’une mère partie trop tôt et par un incident trouble survenu lorsqu’il travaillait pour le FBI.
Mon expérience de lecture
Le sang des innocents est un polar plutôt bien mené et qui tient en haleine du début à la fin. Une intrigue intéressante et noire, des personnages travaillés bien qu’un brin caricaturaux, une fine analyse de la société et un message politique fort. Il y a aussi une critique du fanatisme religieux et de son emprise sur certaines catégories de population.
Le tout dans une langue maîtrisée et sans longueurs excessives. Les plus beaux passages sont ceux qui décrivent (à merveille) l’ambiance et l’état d’esprit régnant à Charon et décortiquent ce qui se joue dans cette société. Une photographie de la survie d’un certain sud… Ça, j’ai vraiment bien aimé.
Car plus que pour l’enquête policière, on lit et aime Le sang des innocents pour ce que cette fiction nous dit d’une certaine frange de la population américaine. La question du racisme, des préjugés et de l’opposition noirs/blancs est omniprésente. L’auteur l’aborde presque à chaque page, d’une manière quasi obsessionnelle. Ce qui peut, à la longue, lasser le lecteur et affaiblir la force narrative de ce polar.
Au-delà de cet aspect, il m’aura manqué aussi les réponses à plusieurs questions et j’ai trouvé la fin un peu trop facilement et rapidement expédiée. J’aurais aimé un dénouement plus construit et davantage d’explications sur le basculement du « Dernier Loup ». Même chose au sujet des motivations de certains personnages (un en particulier) ou sur la dynamique des relations au sein d’un certain trio.
En conclusion
Un bon moment de lecture malgré quelques petites frustrations évoquées plus haut. Et malgré la petite déception sur la fin.
Si le sud des Etats-Unis vous intéresse …
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Autant en emporte le vent de Margaret Mitchell (bien sûr !)
Lu pour le Grand Prix des Lectrices Elle à Saint-Germain-en-Laye en 2024
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