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Retour à Martha’s Vineyard de Richard Russo : amitiés et nostalgie

18 mai 2021

Cette semaine, direction Martha’s Vineyard, charmante station balnéaire huppée du Massachusetts aux États-Unis, pour vous parler du livre de Richard Russo : Retour à Martha’s Vineyard, publié aux Editions La Table Ronde.

À l’heure où j’écris ces lignes, mon ressenti n’est déjà plus le même qu’au moment où j’ai lu le livre. Plutôt très mitigée en cours de lecture, je reconnais plusieurs jours après l’avoir refermé de vraies qualités à cet ouvrage, par ailleurs bien écrit.

Je vous explique …

 

Pourquoi ce livre ? 

 

C’est le titre qui m’a plu et avec lui la promesse de retrouver ces ambiances chics des étés sur la côte Est des Etats-Unis. Ayant de surcroît vécu dans l’état du Massachusetts, j’avais hâte de découvrir cette histoire mêlant vieilles amitiés et disparition mystérieuse.

  

Ça raconte quoi ? 

 

Lincoln, 66 ans, s’apprête à vendre une maison héritée de sa mère sur l’île de Martha’s Vineyard. Avant de s’en séparer définitivement, il décide d’y passer un dernier weekend et y convie deux de ses amis de fac : Teddy et Mickey. Le trio jadis inséparable se retrouve donc sur l’île une dernière fois, comme des années auparavant. Tous ont en mémoire le weekend du Memorial Day 1971. Le weekend qui devait être leur dernier weekend d’insouciance avant leur séparation et le grand saut dans la vie d’adulte. Le weekend où Jacy, la fille dont ils étaient tous les trois amoureux, a mystérieusement disparu.

Retour à Martha’s Vineyard porte bien son nom. Ce livre, c’est un retour en arrière. Avec toute la nostalgie qui va avec. Trois amis qui se retournent sur leur existence, la contemplent avec mélancolie et luttent avec le démon de questions laissées trop longtemps sans réponse.

C’est aussi le retour sur une époque. Sur la société américaine des années 70 plus exactement. Celle de la guerre au Vietnam, de la jeunesse qui s’émancipe, de la drogue, de l’apparition d’une forme de féminisme aussi.

Retour à Martha’s Vineyard plonge donc le lecteur au cœur de l’exercice d’introspection mené tour à tour par chaque personnage. C’est également un livre qui explore de manière très poussée (et réussie) le rapport à la figure paternelle.

C’est enfin l’histoire d’une disparition et des conséquences qu’elle peut avoir sur ceux qui l’ont vécue. Une histoire de non-dits aussi qui interroge sur les ressorts de l’amitié et sur le poids du secret.

La quatrième de couverture

 

 

Et le style dans tout ça ? 

 

Un livre bien écrit et bien traduit. Quelques longueurs ça et là.

 

Verdict 

 

Je m’attendais à lire une sorte de roman policier. Au lieu de cela, j’ai lu trois portraits croisés – très réussis au demeurant – plongeant le lecteur au cœur de la société américaine des années 70.

Fort intéressant, mais loin du roman que j’imaginais. Je me réjouissais de percer le mystère de la disparition de Jacy, quand celle-ci n’est finalement qu’un prétexte à un livre plus profond sur toute une époque.

Il faut digérer un peu ce livre avant de le juger. En le lisant, j’ai déploré certaines longueurs. J’ai regretté de ne pas avoir davantage « accroché » à l’histoire et d’avoir finalement survolé ces personnages, malgré la qualité de portraits fouillés et bien écrits. En cause : les mêmes questions qui reviennent en boucle, une progression très lente et une place insuffisante laissée aux révélations et autres rebondissements. Je ne suis véritablement rentrée dans le livre qu’après 160 pages environ et j’ai été globalement un peu déçue par le dénouement. Je voulais du mystère, de l’enquête et des twists. Inutile de dire que je suis restée sur ma faim.

Mais en écrivant cette chronique et en disséquant les forces et faiblesses de ce roman, je dois admettre que ma déception doit être nuancée. Car si j’ai été déçue, c’est parce que j’attendais de ce livre quelque chose qu’il n’était pas. Ici, comme je l’ai écrit plus haut, le mystère passe au second plan. Le propos est plus large. Ce n’est ni un policier ni un thriller. C’est un livre portrait de l’Amérique post 68. Un livre sur l’amitié et sur la nostalgie. Un roman sociologique sur les racines et sur l’existence que l’on regarde un jour dans le rétroviseur. Si vous cherchez un polar, passez votre chemin. Mais si vous le lisez en espérant y trouver ce que je viens de décrire, foncez, vous ne serez pas déçu(e).

Lu à Saint Germain en Laye – Mai 2021

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