Je commence cette chronique de Salina de Laurent Gaudé tout en sachant que les superlatifs me manqueront pour transcrire la puissance du coup de foudre que j’ai eu pour ce texte. Conte marquant, récit court et puissant … ce texte est un envoûtement.
C’est une histoire que j’ai découverte en livre audio d’abord. Mais sachez-le, la version à écouter est une petite merveille portée par la voix incomparable de Guillaume Gallienne. Je ne peux que vous en conseiller l’écoute.
Et si comme moi vous succombez … comme moi, vous vous jetterez peut-être sur la version papier pour la conserver ad vitam aeternam dans votre bibliothèque.
De quoi parle ce livre ?
Il est complexe de parler de Salina sans trop dévoiler d’une histoire qui aurait pu être une légende africaine. Enfant abandonnée dont la mort n’a pas voulu, Salina, notre héroïne aura un destin singulier marqué par trois maternités et trois exils. Texte universel, on ne sait précisément ni où ni quand se déroule le récit. Et peu importe …
Lorsque Salina meurt, son fils Malaka la porte jusqu’au lieu où elle doit reposer. Mais la tradition veut que quiconque souhaite entrer dans le cimetière doit mériter cet honneur, afin que les portes s’ouvrent. Malaka, passeur d’histoire, raconte ainsi la « constellation de souvenirs » de cette femme forte nourrie à la haine et sauvée par l’amour, dans l’espoir de lui ouvrir les portes de sa dernière demeure.
À la manière d’un conte philosophique, Salina est un livre court et pourtant terriblement dense en thèmes et en morales. Il y est question de maternité, de vengeance, d’indépendance et d’honneur. On y croise des lâches et des coléreux, des crimes de sang, des vies sacrifiées et des destins brisés.
Des instants de grâce et de rédemption aussi …
Mon expérience de lecture
Dire tant en si peu de mots …
Attraper le lecteur dès les toutes premières phrases et le propulser dans un temps et un pays inconnus pour y suivre la trajectoire épique d’une héroïne inoubliable …
Bouleverser ledit lecteur en faisant jouer les mots et en laissant la magie d’une plume infiniment poétique faire son oeuvre …
Voilà, Salina, c’est tout cela !
Un roman profondément sensoriel que l’on lit (ou écoute) comme on regarderait un mirage tourbillonner autour de nous avant de disparaître. Fermez les yeux : sentez la chaleur du désert et le crissement du sable. Le hurlement des hyènes, le sel des larmes, l’odeur du sang, la douceur de la dernière étreinte entre une mère et son fils aimé.
J’ai été émue aux larmes par la beauté incandescente et hypnotique des mots de Laurent Gaudé. Décidément, quelle plume. Quel talent de conteur !
Marquée à jamais par la puissance de ce conte et habitée par les messages forts qu’il véhicule, mon expérience de lecture doit aussi beaucoup, et je dois le reconnaître au talent immense de Guillaume Gallienne.
En conclusion …
Éblouissant de beauté, ruisselant de poésie et débordant d’esthétisme, Salina fait partie de ces textes qui me resteront longtemps en mémoire.
Si vous le pouvez, je vous conseille d’écouter cette histoire lue par Guillaume Gallienne. Sa lecture sublime vraiment les mots de Laurent Gaudé. En bonus, la version audio du livre contient aussi un entretien avec Laurent Gaudé. Un entretien au cours duquel l’auteur insiste sur le fait qu’il lit toujours à haute voix ses textes et que l’oralité est indissociable de son travail d’écriture. Passionnant et voilà qui explique beaucoup …
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Lu et écouté à Saint Germain en Laye et sur la route des Alpes en août 2024
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