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Brooklyn de Colm Toibin : l’exil d’une irlandaise à New York

25 juin 2021

Cette semaine, je vous emmène à Brooklyn dans les années 50 sur les pas d’une jeune irlandaise. Brooklync’est le nom de ce livre de l’auteur irlandais Colm Toibin publié chez Robert Laffont. Un roman que j’ai globalement bien aimé mais qui m’a laissée sur ma faim.

 

Pourquoi ce livre ? 

 

Brooklyn est une lecture commune. Je m’y suis plongée dans le cadre du Club Livres et Parlotte de juin. Ce mois-ci, le thème était « triangles amoureux ».  J’avais déjà vu le film il y a longtemps et il m’avait laissé un souvenir « plaisant mais sans plus ». Il paraît que la fin du livre et celle du film sont différentes mais pour être parfaitement honnête, je n’ai plus en tête la fin du film. Toujours est-il que j’étais ravie à l’idée de me plonger dans cette histoire, car vous connaissez mon amour immodéré pour New York, où j’ai vécu, ainsi que pour les histoires qui traitent du déracinement, de l’exil, d’une nouvelle vie ailleurs.

 

Ça raconte quoi ? 

 

Années 50. Comme beaucoup d’autres jeunes gens avant elle, Eilis est contrainte de quitter famille et patrie pour les Etats-Unis où un travail et une nouvelle vie remplie de promesses l’attendent. À contre coeur et par sens du devoir, la jeune femme s’embarque donc pour l’inconnu et découvre un monde à mille lieux de son village natal en Irlande. À Brooklyn, elle découvre la communauté des expatriés irlandais et italiens, étudie, travaille, s’émancipe et tombe amoureuse … Un drame, la rappelle en Irlande. Tiraillée entre ses origines et sa nouvelle vie, Eilis devra faire des choix.

Brooklyn est avant tout un roman sur l’exil et sur le déracinement. Propulsée dans un nouveau monde, notre héroïne doit apprendre à composer avec un autre mode de vie et s’adapter, tout en ne reniant rien de ses origines. Un tiraillement permanent qui conduit peu à peu au sentiment de perdre une partie de son identité, à ne plus bien savoir qui l’on est et où l’on doit être. Avec, pour toile de fond, le New York des années 50. C’est aussi, mais de manière subsidiaire, un roman qui, effectivement, traite d’un triangle amoureux.

 

La quatrième de couverture

 

 

Et le style dans tout ça ? 

 

Fluide, plaisant, facile. L’écriture de Colm Toibin ne m’a pas scotchée mais tout sonnait juste et je me suis bien sentie immergée dans le Brooklyn des années 50. En revanche, j’ai eu un problème avec le rythme. J’ai eu l’impression que l’auteur passait la moitié de son livre à planter le décor et que les évènements et développements importants étaient insuffisamment traités en seconde partie.

 

Verdict 

 

D’abord, et ce n’est une surprise pour personne, j’aime ces histoires d’émigration vers les Etats-Unis. J’ai donc apprécié de suivre le voyage d’Eilis vers ses nouveaux horizons et de la voir épouser sa nouvelle vie de femme indépendante au sein de la communauté irlandaise de Brooklyn. Colm Toibin décrit avec beaucoup de justesse la réalité de la vie au sein de ces communautés d’expatriés. Sans exagération ni caricature, ce qui rend l’histoire très crédible. Ce livre se lit comme on regarde un film. J’ai voyagé avec cette lecture. Dans le temps et dans l’espace, et j’ai aimé me plonger dans cette histoire qui n’a pourtant rien de très originale.

Ensuite, j’ai trouvé très convaincant le portrait de cette jeune femme tiraillée entre ses origines et ses ambitions professionnelles et personnelles. La psychologie du personnage, bien travaillée par Colm Toibin, est sans doute l’aspect le plus réussi de Brooklyn. On découvre une héroïne en proie à des questionnements crédibles, en quête d’une version d’elle-même qui pourrait concilier celle qu’elle était et celle qu’elle voudrait être. Une héroïne, non caricaturale, sincère et spontanée.

Du côté des moins, j’ai été frustrée de lire une histoire qui avançait beaucoup trop lentement en première partie et beaucoup trop vite ensuite. J’ai trouvé le dernier quart du livre un peu bâclé car trop rapidement expédié. La question du triangle amoureux, amenée sur le tard, monte doucement comme un soufflé et retombe de manière brutale et assez incompréhensible. Vraiment dommage … Jusqu’à cette fin qui m’a totalement laissée sur ma faim car elle est arrivée, là encore, de manière trop précipitée.

 

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Lu à Saint Germain en Laye – Juin 2021

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