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Le gang des rêves de Luca di Fulvio : une plongée dans le New York des années 20

15 août 2017

De retour de vacances, je vous présente mon livre de plage 2017 : le gang des rêves de Luca di Fulvio chez Pocket. Retour sur 950 pages qui ne laissent pas indifférent(e).

 

Pourquoi ce livre ?

 

Une histoire qui se passe dans le New York bouillonnant et un peu mal famé du début du XXe siècle. L’histoire de vagues d’immigrés en quête du rêve américain. Un personnage principal d’origine italienne. Une quatrième de couverture alléchante. Des critiques dithyrambiques. Il ne m’en a pas fallu beaucoup plus. Dans un esprit un peu similaire, j’avais lu l’Italienne d’Adriana Trigiani il y a plusieurs années et avais adoré. Je ne prenais donc pas beaucoup de risque avec ce livre, qui a accompagné mes vacances au Mexique.

 

La quatrième de couverture 

 

« New York ! En ces tumultueuses années 1920, pour des milliers d’Européens, la ville est synonyme de « rêve américain ». C’est le cas pour Cetta Luminata, une Italienne qui, du haut de son jeune âge, compte bien se tailler une place au soleil avec Christmas, son fils. Dans une cité en plein essor où la radio débute à peine et le cinéma se met à parler, Christmas grandit entre gangs adverses, violence et pauvreté, avec ses rêves et sa gouaille comme planche de salut. L’espoir d’une nouvelle existence s’esquisse lorsqu’il rencontre la belle et riche Ruth. Et si, à ses côtés, Christmas trouvait la liberté, et dans ses bras, l’amour ? ».

 

Verdict

 

Emmener un livre en vacances, a fortiori quand il s’agit d’un livre papier, ça ne s’improvise pas. Je me fais petit à petit au Kindle (même si je reste une inconditionnelle du livre-objet). Mais pour la plage, j’avais envie d’un livre qui ne craigne ni le sable ni le sel ni la crème solaire. Avant de retenir le gang des rêvesj’ai donc fait le test des deux premiers chapitres tranquillement chez moi. Ils étaient extrêmement prometteurs et écrits de manière fluide. L’intrigue elle-même offrait de jolies perspectives. Donc, banco !

Les nombreuses critiques qui ont été écrites sur ce livre ont raison. Il s’agit presque d’un scénario de film et on est facilement embarqué par l’histoire et plongé dans l’ambiance. C’est un livre qu’on a du mal à lâcher. Un véritable page-turner ! Tout y est ou presque : l’amitié, l’honneur, l’amour dans toutes ses dimensions, la passion, l’intrigue, la douleur, la violence, les gangsters, les bons, les brutes et les truands…

 

« Il y a les gangsters, il y a l’amour … C’est New York ! »

 

Dans ce livre, c’est aussi toute une ville de contrastes que l’on voit aussi évoluer vers un début de modernité. Quand on a vécu à New York, on aime se plonger dans des histoires qui lèvent le voile sur une partie de son âme. C’est le cas avec celle de Luca di Fulvio. Les classes sociales se croisent, les opportunités surgissent, les drames interviennent. Dans ce milieu d’immigrés, certains s’en sortent quand d’autres peinent à survivre. On assiste aux débuts de la radio, des transports en commun ou encore du cinéma. Les personnages sont profonds et attachants, du petit boucher de Little Italy au grand photographe de Los Angeles. 

Seul bémol pour ma part. L’omniprésence de scènes de viol. Si on comprend que l’époque ait été propice à certaines violences ultra répréhensibles envers les femmes, leur récurrence dans ce roman frôle avec le malsain. Donc, à ne pas mettre dans toutes les mains ! 

 

 Morceaux et citations choisis 

 

Sur le New York des années 20

 

« Certains jours, les rues l’effrayaient. D’autres fois, en revanche, elle aimait errer sans but, bouche bée, observant les voitures qui klaxonnaient derrière les charrettes tirées par des chevaux, se mirant dans les vitrines pleines de gâteaux ou de vêtements, levant la tête vers le ciel barré par les rails du métro aérien ou percé de gratte-ciel, ou encore admirant, stupéfiée, les piles, arcs et câbles en acier du Manhattan Bridge à peine terminé, qui s’élevaient hors de l’eau, reliés entre eux, et restaient miraculeusement suspendus au dessus de l’East River. Certains jours, elle se sentait étouffer dans les rues étroites et sombres, jonchées d’immondices et pleines de gens qui puaient les ordures. D’autres fois, elle était enivrée par les larges avenues, là où les femmes sentaient les fleurs exotiques, et les hommes, les cigares cubains. Mais où qu’elle aille, il y avait toujours des gens (…). Tellement que cette ville n’avait pas d’horizon ».

 

Sur la Californie
 
« Chacune s’inclinait devant la couleur qui, à l’évidence, dominait l’ensemble de cet univers : le jaune. Il n’y avait rien, en Californie, qui ne contienne un peu de jaune. Le jaune de l’or que les chercheurs de pépites avaient trouvé, le jaune du soleil qui chauffait le moindre recoin, ou encore le jaune clair, presque blanc, des plages qui faisaient face à l’océan. Non pas les docks new-yorkais sombres, humides et glauques, mais de larges et longues étendues d’un sable chaud et brillant qui envahissait les dunes arides, au-delà desquelles passait la route côtière. La nature tout entière semblait s’adapter à cette explosion de soleil, elle faisait éclore les pavots jaunes qui se multipliaient rapidement, naissant du jour au lendemain et colonisant la terre sèche et drainée, et qui évoquaient bien cette vie rapide et effrénée, sans pensées ni remords, sans incertitudes ni réflexions sur le futur ».  
 
Sur l’attachement à ses racines

 

« Les immigrés n’arrivaient pas à se détacher de leurs origines, et cette sauce tomate qui bouillonnait dans les casseroles en répandant tout son arôme dans le quartier était comme une racine rouge et liquide qui les enchaînait à leur sol ».

 

Sur le hasard

 

« J’ai une dette envers toi, expliqua le vieux. Le hasard, c’est un coup de pied dans le cul que la vie te donne pour te faire avancer. Le hasard, dans le monde des adultes, c’est une possibilité qu’il ne faut pas gâcher ».

 

Sur l’amour
 
« Tu sais ce que c’est, l’amour? fit-elle. C’est réussir à voir ce que personne d’autre ne peut voir. Et laisser voir ce que tu ne voudrais faire voir à personne d’autre ».

 

Sur la vie

 

« Le sens : voilà ce qu’il avait cherché. Donner un sens à la vie, la rendre moins arbitraire. C’était ça la perfection, non pas le succès, la réussite, le couronnement d’un rêve ou d’une ambition : c’était le sens. Ainsi, dans son histoire, même les méchants trouvaient un sens à leur vie, en tout cas, ils lui en donnaient un ».

 

Autres

 

« Christmas se rendit dans la chambre à coucher et regarda le costume marron que sa mère lui avait acheté deux ans auparavant. Un costume de pauvre. De pauvre plein de dignité. C’était le costume qui l’avait arraché à la rue. ».

 

* * * 

Le gang des rêves est disponible aux Éditions Pocket. Pour le trouver auprès de libraires indépendants près de chez vous, c’est ici

Lu en août 2017 – Au Mexique

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