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Étés anglais d’Elizabeth Jane Howard : une saga familiale au coeur du Sussex

18 juin 2020

Connaissez-vous les Cazalet ? Cette famille anglaise qui à la manière d’un clan se réunit chaque été dans le Sussex à Home Place pour des vacances autour du patriarche ? Non ? Ça tombe bien car c’est cette saga que je vous présente aujourd’hui. À commencer par son premier tome Étés anglais (The Light Years en VO), publié aux Éditions La Table Ronde

 

Pourquoi ce livre ? 

 

J’étais en quête de ma prochaine saga. Orpheline après la fin de la série Au revoir là-haut de Pierre Lemaître, et celle merveilleuse d’Elena Ferrante, j’ai mis beaucoup d’espoir dans cette « Saga des Cazalet ». J’ai été séduite par l’idée de retrouver l’atmosphère d’une famille anglaise dans l’entre-deux guerres, espérant y trouver un équivalent de la famille Crawley. J’avoue, Downton Abbey me manque énormément. J’ai entendu parler d’Étés anglais sur Instagram et de nombreuses chroniques élogieuses m’ont fait sauter le pas.

 

Pour qui ?

 

Pour les anglophiles. Les mordus de fresques familiales. Les accros aux sagas sur plusieurs tomes et plusieurs décennies. À ceux qui rêvent de réunions de famille autour de grandes tablées. Aux nostalgiques des vacances insouciantes entre cousins de notre enfance.

 

Ça raconte quoi ? 

 

1937. Angleterre. Comme chaque été, le clan Cazalet se réunit à Home Place où William et son épouse, surnommée la Duche, réunissent leurs quatre enfants et leur progéniture dans la demeure familiale. Hugh, vétéran éprouvé de 14-18 et son épouse Sybil sont sur le point d’accueillir leur troisième enfant. Le séduisant Edward et Viola arrivent avec leurs trois enfants et leurs secrets. Rachel, la vieille fille dévouée, se réjouit de voir la maison familiale remplie par ces turbulents neveux. Quant à Rupert qui a perdu sa première femme en couche, il débarque à Home Place avec Zoe, sa seconde très jeune femme, en conflit ouvert avec Clary, sa fille.

Jalousies, incompréhensions, trahisons et petits et gros mensonges, l’été en famille s’annonce animé. Tandis que les enfants se livrent à toute forme d’espiègleries et de jeux, se liguant parfois férocement les uns contre les autres, les adultes s’observent, se jaugent, se fuient, se mentent.

Étés anglais suit ce clan sur deux étés consécutifs. En 1938, la possibilité d’une guerre se fait toujours plus menaçante et obsède les hommes Cazalet. Les enfants, eux, grandissent beaucoup et leur tempérament évolue. Quant aux femmes de la famille, elles doivent affronter elles-aussi leurs propres démons.

 

La quatrième de couverture

 

 

Et le style dans tout ça ? 

 

Globalement, j’ai trouvé l’écriture plaisante, sans être exceptionnelle. J’ai parfois été tentée de décrocher, devant la multiplication des petites scènes de vie qui étaient d’un intérêt qui m’a semblé inégal. Pourtant, à mesure que je me suis attachée aux personnages, je suis rentrée dans le texte et la seconde moitié m’a semblé supérieure à la première.

L’alternance des focus : tantôt sur les adultes, tantôt sur les enfants apporte un effet quasi cinématographique et beaucoup de relief au récit.

Il y a un très gros moins qui provient sans doute de la traduction. Je trouve peu crédible qu’une famille de cette stature avec nounous, chauffeurs, précepteurs et autres domestiques, ait recours ainsi à un tutoiement généralisé. Plus largement, certains mots employés semblent exagérément cavaliers presque décalés par rapport à un usage lexical des années 30. « Reluquer« , la « boîte » pour parler de l’entreprise, « je n’ai pas pigé » et autres « je suis crevée« . Bref, j’ai été gênée par ce langage qui m’a parfois semblé inadapté à l’époque et aux personnages.

 

Verdict 

 

Vous savez à quel point les histoires familiales qui s’étendent sur plusieurs décennies me sont chères.

De fait, on passe un bon moment en compagnie de cette famille, à laquelle on s’attache progressivement. L’arbre généalogique proposé en début d’ouvrage est très appréciable car nécessaire. Il m’a bien fallu 150 pages pour imprimer qui était qui.

J’ai eu plaisir à voir évoluer les personnages au fil des pages, gagner en personnalité et en consistance. Ce tome pose des bases intéressantes pour la suite de l’histoire.

Malgré quelques réserves et l’absence d’un coup de coeur espéré, je lirai sans doute les prochains tomes, par pure curiosité.

 

Lu à Paris – Juin 2020

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