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Le labyrinthe des femmes de Coline Gatel : un polar historique très réussi

9 août 2021

Pas facile d’écrire une suite. Encore moins quand il s’agit de la suite d’un roman très réussi et marquant comme Les suppliciées du RhônePourtant, avec Le labyrinthe des femmesColine Gatel nous régale ! Un polar historique de haute volée que j’ai encore plus aimé que le premier volet des aventures de Lacassagne, Perrier et les autres …

Dans cette chronique, je vous explique pourquoi …

 

Pourquoi ce livre ?

 

Parce que j’avais beaucoup aimé Les suppliciées du Rhône ! Mais aussi parce que ce genre de polar, mêlant intrigues et histoire est toujours une valeur sure en ce qui me concerne. Je remercie les Éditions Préludes pour l’envoi de cette suite que j’ai dévorée.

 

La quatrième de couverture

 

Lyon, 1898. Six mois se sont écoulés depuis que le professeur Alexandre Lacassagne a demandé à Félicien Perrier,  l’un de ses étudiants, de créer une équipe de scientifiques dédiée à la résolution des affaires criminelles. Et celle-ci est bientôt dépêchée sur les lieux d’une macabre découverte :  à qui appartiennent ces corps de femmes décomposés trouvés dans les entrailles de la Croix-Rousse ? Pourquoi ont-ils été déposés là, comme sur un autel sacrificiel ? Est-ce l’œuvre d’un fou ou d’une secte ? Le vieux bateau-morgue reprend  du service. Au meilleur de sa forme depuis que son ami Freud se livre sur lui à des séances d’hypnose, Félicien va réunir,  une à une, les pièces de cet étrange puzzle.
Pendant ce temps, Irina Bergovski, journaliste au Progrès, mène l’enquête à l’asile d’aliénés du Vinatier où elle a été enfermée.

 

Ça raconte quoi ? 

 

Le labyrinthe des femmes est la suite des Suppliciées du Rhône. On y retrouve le sympathique et attachant quatuor découvert dans le premier opus, toujours dans le Lyon de la fin du 19e siècle. Mais cette fois-ci sur la piste d’un tueur en série. Un bonheur de retrouver Lacassagne, Perrier et Lecuyer, nos trois médecins spécialistes de l’autopsie et à la pointe des dernières avancées en matière de sciences criminelles, sur leur bateau-morgue ! Sans oublier Irina, journaliste de son état, qui n’a pas froid aux yeux. La macabre découverte d’un charnier sous une vieille église va reformer la fine équipe autour d’une nouvelle enquête.

En lisant ce livre, attendez-vous à plonger dans les entrailles du vieux Lyon, croiser des sociétés secrètes, faire un tour chez une marieuse, vivre un internement à l’asile, être témoin d’un trafic de nouveaux-nés, assister aux débuts de la médecine légale, vivre les premières heures du féminisme et même à rencontrer Freud au détour d’une séance d’hypnose !

Bref, on est très loin d’un polar lisse et prévisible, mais bien dans une histoire riche, originale et bien ficelée.

 

Et le style dans tout ça ?

 

Bien souvent dans les polars, on peut déplorer que la qualité de l’écriture passe au second plan. Ce que j’apprécie énormément chez Coline Gatel, c’est que ses livres sont très bien écrits. Je l’avais déjà noté dans Les suppliciées du Rhône. Le labyrinthe des femmes me confirme que j’avais vu juste !

Dans une langue très travaillée et en ayant recours à un champ lexical parfaitement adapté aux situations et aux époques, Coline Gatel réussit à nous embarquer dans une aventure palpitante, tout en nous régalant avec une écriture de grande qualité.

J’ai en particulier été très impressionnée par le recours au parler de l’époque, qui donne beaucoup de crédibilité aux personnages et aux dialogues.

Un vrai plaisir de lecture !

 

Verdict ?

 

Ce livre est un tableau …

On le lit comme on regarderait la représentation d’une ville, d’une époque, d’une profession. Ici, Lyon. La fin du 19e siècle. Les débuts de la médecine légale et de la criminologie. La condition des femmes. On y est …

J’ai traversé Le Labyrinthe des femmes comme on regarde une bonne série… Avec délectation. La construction est bonne, le rythme maîtrisé et l’écriture parfaitement adaptée. Le style m’a totalement convaincue, ce qui est plutôt rare dans les polars. L’écriture de Coline Gatel est un bonheur pour le lecteur exigeant.

Plus encore que l’intrigue peut-être, j’ai aimé la manière dont sont traités les personnages, car cet opus permet d’explorer leurs fêlures et de comprendre les ressorts de leur personnalité.

Je retiendrai aussi le cadre de l’intrigue. Ici, Lyon est un véritable personnage que l’on découvre avec plaisir. Les quartiers connus comme le Lyon plus secret. Tout comme les différentes classes sociales qui la composent.

Enfin, on apprend beaucoup en lisant Le Labyrinthe des femmes. Sur les moeurs de la société de l’époque, sur ses perversions et ses a priori. Il est surtout question de la condition de la femme* sans que cela ne soit jamais amené de manière caricaturale ou rébarbative. On navigue entre misogynie et premiers courants féministes, entre science et obscurantisme … Bref, on ne s’ennuie pas une seconde.

Un très bon moment de lecture et un livre que je vous recommande.

 

Faut-il avoir lu Les Suppliciées du Rhône avant ?

 

Pas forcément mais je vous le conseille fortement pour vous imprégner des personnages et pour mieux les aborder.

 

*NB : Si ce thème de la condition des femmes au 19e siècle et de l’internement vous intéresse, vous pouvez également lire ma chronique du livre Le bal des folles de Victoria Mas.

 

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Lu en juillet-août 2021 à Saint Germain en Laye et Oulx

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