Grand Prix des Lectrices Elle | Lectures

Grand Prix des Lectrices Elle 2019: mon avis sur la sélection de décembre

9 décembre 2018

Après une sélection de novembre qui m’avait laissée sur ma faim, la sélection de décembre a amplement tenu ses promesses. Si j’ai trouvé le documentaire décevant, le policier et le roman m’ont vraiment plu. Avec en prime, mon premier coup de coeur depuis que je lis pour le Grand Prix des Lectrices Elle 2019. Certes, j’avais bien aimé La Vraie Vie. Mais avec Ma dévotion, on est encore un cran au-dessus. 

Côté évasion, cette sélection vous emmène en France, dans le Rhode Island, à Rome, à Amsterdam ou encore à Londres. 

 

La sélection de décembre

 

  • Ma dévotion de Julia Kerninon – Catégorie Roman
  • Dura Lex de Bruce Desilva- Catégorie Policier
  • Les inséparables de Dominique Missika – Catégorie Document

 

Verdict

 

Coup de coeur pour Ma dévotion  

 

 

Ça raconte quoi ?

 

Quand Helen et Frank se croisent sur un trottoir de Londres après plus de vingt ans, le passé resurgit. Dans une ultime confession, Helen retrace le fil de leur vie et de leur relation indéfinissable. Réflexion sur les ressorts de l’amour et sur la délicate frontière entre amour et amitié, Ma dévotionexplore sur plus de cinquante ans la trajectoire de deux individus qui se seront aimés. Peut-être différemment, peut-être mal, mais n’y a t-il qu’une forme d’amour qui vaille ? Ses lâchetés et son égoïsme à lui, sa naïveté et son incapacité à dire les choses à elle auront conduit ces amants maudits à passer à côté de l’amour vrai pour l’un et à oublier de vivre pour l’autre. Jusqu’à cette bouleversante confession sur un trottoir de Londres. Quand les mots tus durant toute une vie libèrent enfin celle qui les prononce. Mais arrivent trop tard …  

 

Verdict

 

Tout m’a plu dans ce roman dense et puissant. L’histoire, l’écriture, le rythme, les changements de décor, les personnages. Je l’ai lu en deux jours. C’est un petit bijou qui vous touche au coeur. Un énorme coup de coeur que je vous raconte en détail ici. 

 

Pourquoi j’ai aimé Dura Lex

 

 

Ça raconte quoi ?

 

Dans les années 90, plusieurs meurtres d’une indescriptible violence sur des femmes et enfants secouent le Rhode Island. Parallèlement, le lecteur découvre le profil d’un enfant pervers et d’une grande cruauté dont il ne fait aucun doute, après quelques pages, qu’il est l’auteur de ces crimes atroces. Très vite, ce serial killer est confondu et incarcéré. Problème : il est mineur et une loi de l’état prévoit la remise en liberté systématique des détenus mineurs à leur majorité.

Bond dans le temps, Kwame Diggs est toujours incarcéré alors qu’il aurait dû être remis en liberté. En cause, de petits délits commis derrière les barreaux et qui ont mécaniquement retardé sa sortie de prison. Mason et Mulligan, journalistes de leur état, mènent l’enquête. Si Mason est convaincu que les autorités ont fabriqué des incidents de toutes pièces pour maintenir Kwame Diggs en prison dans la crainte d’une récidive, Mulligan tente au contraire de prouver que Kwame doit rester incarcéré. Faut-il libérer un serial killer au motif que la loi et le respect de ses libertés individuelles l’exigent ? Ou faut-il au contraire privilégier la sécurité des citoyens face à la menace que constitue la remise en liberté d’un dangereux criminel ?

 

Verdict

 

Prendre le prétexte d’un roman policier pour aborder une vraie question de société et de morale : voilà tout l’intérêt de Dura Lex.

De fait, Dura Lex aurait facilement pu se retrouver dans la catégorie « Document » du Prix et cela aurait eu énormément de sens. C’est un essai habillé dans un roman policier.

Car si Dura Lex vous accroche dès les premières pages avec l’ensemble des codes du roman policier, le livre glisse progressivement vers quelque chose de beaucoup plus intéressant et profond. Il vous invite à une vraie réflexion sur le délicat arbitrage entre sécurité collective et libertés individuelles. Dit comme cela, on s’imagine déjà en train de s’endormir sur le livre. Pourtant, l’histoire et l’enquête donnent tout son relief à cette réflexion importante.  

Le thème traité, celui de cette « dure loi » est abordé tout en nuances et d’une manière non manichéenne, ce qui fait de Dura Lex un ouvrage équilibré, puissant et globalement réussi. C’est un livre qui, en tant qu’avocate et surtout en tant qu’être humain, m’a beaucoup interpellée. Confrontée à une situation similaire, aurais-je été du côté d’un Mulligan ou du côté d’un Mason ? Difficile à dire !

Mention spéciale pour le personnage de la mère de Kwame, qui est particulièrement bien réussi, tout comme le criminel lui-même. Les autres personnages manquent un peu d’intérêt. Ils ne sont que des vecteurs au service du sujet central : la réflexion sur la limite du système judiciaire face à la monstruosité pathologique de certains individus.

 

Pourquoi j’ai été déçue par Les Inséparables

 

Ça raconte quoi ?

 

On a presque tout écrit, tout dit et tout lu sur cette grande Dame qu’était Simone Veil. Alors évidemment, parvenir à captiver le lecteur dans un énième ouvrage n’était pas chose aisée. Dominique Missika s’y attaque en prenant l’angle de portraits croisés. Simone, mais aussi Denise et Madeleine, dite Milou. Ce parti pris est la plus grande force et la plus grande faiblesse de ce livre.

 

Verdict

 

Sa faiblesse car en croisant ainsi les personnages en si peu de pages, l’auteur reste en surface et balaye trop rapidement le parcours de chacune. On lui aurait pardonné si la complexité des relations entre les sœurs avait été davantage creusée.

Au lieu de ça, c’est un ensemble assez scolaire, sans relief et quelque peu décousu qui nous est proposé. Une œuvre peu structurée dans laquelle l’auteur saute sans cesse du coq à l’âne, répétant plusieurs fois les mêmes choses et ne s’autorise jamais vraiment à rentrer dans la psychologie des personnages.

Seule consolation, Les Inséparables m’a fait connaître l’histoire de Denise, cette sœur de Simone Veil dont on parle peu et qui fut pourtant une héroïne de la résistance. J’aurais eu plaisir à en apprendre davantage sur sa vie et son parcours. Occasion manquée !

 

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Et le mois prochain ?

 

Normalement, dès demain, je devrais recevoir les 7 livres de mon jury, celui de Mars. Trois romans, deux documents et deux policiers qu’il va nous falloir départager et qui seront relus ensuite par les autres jurées dans quelques semaines. Ensuite, nous recevrons la sélection de janvier, soit trois livres à relire comme chaque mois. Autant dire que je suis ravie que les lectures de mon jury tombent pendant la période de Noël. Un peu plus relax et propice aux longues heures au coin du feu. 

N’hésitez pas à me suivre sur Instagram, où je partagerai régulièrement l’état d’avancement de ces lectures ainsi que mes premières impressions. 

 

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