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Les enfants de Venise de Luca Di Fulvio : une lecture plaisante mais inégale

8 juin 2020

Les pavés se suivent mais ne ressemblent pas ! Je vous parle aujourd’hui de ma lecture en demi-teinte du livre de Luca Di Fulvio Les enfants de Venise publié chez Pocket. Il m’aura fallu me cramponner pendant les 400 premières pages avant de finalement apprécier ce livre et rentrer dans l’histoire. Des longueurs, des lieux communs et plusieurs personnages secondaires superflus m’ont empêché de pleinement savourer ce roman historique qui avait pourtant tout pour me plaire sur le papier. La seconde partie rattrape heureusement la seconde et on y retrouve ces personnages si attachants qui m’ont fait aimer Luca di Fulvio. Je vous raconte …

 

Pourquoi ce livre ? 

 

C’est lors d’un mémorable voyage au Mexique que j’ai lu le très grand roman de Di Fulvio Le Gang des rêves. De la première à la dernière page, j’avais été soufflée par la puissance du récit, la profondeur des personnages et le réalisme des descriptions du New York des années 20. Ce livre était ma première rencontre avec l’auteur et quelle rencontre. Une véritable claque ! Emportée dans mon enthousiasme, j’avais acheté peu après Les enfants de Venise, espérant y retrouver le génie du Gang des rêves. Il dormait gentiment dans ma PAL depuis et c’est aux derniers jours du confinement que je m’y suis enfin plongée.

 

Pour qui ?

 

Pour ceux qui aiment les romans historiques, les histoires d’amour triomphant des préjugés et dépassant les clivages religieux. Pour les amoureux de l’Italie désireux de se plonger dans l’atmosphère encore sombre de Venise au 16e siècle. Pour ceux qui ont aimé Christmas et qui aimeront à n’en pas douter Mercurio.

 

Ça raconte quoi ? 

 

1515. Deux jeunes gens convergent vers Venise en quête d’une nouvelle vie.

Mercurio a quitté Rome avec deux comparses. À eux trois, ils excellent dans l’art de se métamorphoser pour voler et survivre. Ils fuient vers Venise après un règlement de compte qui a mal tourné.

Orpheline de mère, Giuditta, de confession juive arrive à Venise avec son père. Ils sont venus chercher dans la Sérenissime une relative tolérance envers les juifs mais déchanteront bien vite face au port du bonnet jaune et à l’enfermement dans un ghetto.

La rencontre entre ces deux êtres blessés par la vie était inévitable (sans doute un peu trop d’ailleurs). Tels des Roméo et Juliette (vous aurez vous aussi remarqué que Luca di Fulvio y a sans doute puisé l’inspiration pour le nom de ces personnages Mercurio et Giuditta) séparés par l’intolérance religieuse, la jalousie et les épreuves, ils vont tout faire pour s’aimer malgré tout.

Et rêver d’une autre vie ensemble et surtout de liberté.

 

La quatrième de couverture

 

Venise, 1515. Peu de villes auront connu autant d’injustices, de dangers, de misère et de vices. De liberté, aussi.
Liberté pour Mercurio, petit voleur des rues, as du déguisement, pour qui le pavé romain est devenu trop brûlant. Liberté pour Giuditta, jeune et belle Juive, dont la religion semble ici tolérée – mais pour combien de temps ?
Rien ne les vouait à s’aimer. Pourtant… Entre inquisiteurs et courtisanes, palais, coupe-gorge et canaux putrides, les amants de Venise feront mentir le destin…

 

Et le style dans tout ça ? 

 

Il faut un certain talent pour captiver un lecteur pendant 987 pages ! Luca Di Fulvio parvient à réaliser ce petit exploit, grâce à un style fluide, des chapitres assez courts et un bon usage des dialogues. Si vous avez aimé la plume de l’auteur italien dans Le Gang des rêves, vous êtes assurés de passer un bon moment avec ce livre également.

Par contre, comme je le disais en introduction, j’ai eu énormément de mal à rentrer dans ce roman. Ce n’est qu’à la moitié du livre que j’ai enfin commencé à en apprécier la lecture. Toute la première partie, qui fait converger les personnages jusqu’à la Sérénissime est beaucoup trop longue. Elle est certes remplie d’aventures et de rencontres en tout genre mais celles-ci n’apportent quasiment rien au récit. Personnellement, je n’en pouvais plus de tout ce délayage un peu stérile. La pose du cadre et des personnages aurait tout à fait pu être faite en une centaine de pages maximum. Le récit n’aurait rien perdu à sa force. Et mon ressenti aurait été bien plus positif.

 

« La vie est simple. Quand elle devient compliquée, ça veut dire qu’on se trompe quelque part. Ne l’oublie pas jamais. Si la vie devient compliquée, c’est parce que c’est nous qui la compliquons. Le bonheur et la souffrance, le désespoir et l’amour sont simples. Il n’y a rien de difficile ». p. 321

 

 

Verdict 

 

Si un mot devait résumer mon ressenti après avoir refermé Les enfants de Venise, ce serait « inégal ».

Inégal dans la longueur. Une première partie très largement superflue et en tout cas beaucoup trop longue.

Inégal dans la pertinence des personnages : je n’ai toujours pas compris la raison d’être de certains d’entre eux (notamment le fil rouge avec le fameux Shimon).

Inégal aussi dans les thèmes traités. Le thème de l’amour contrarié et des amants maudits est vu et revu. De ce côté là, l’histoire est totalement prévisible et même un peu naïve. Globalement, j’ai trouvé l’histoire divertissante mais le dénouement (les 100 dernières pages) assez peu crédible.

J’ai en revanche trouvé  certains aspects beaucoup plus intéressants. Comme la relation entre Mercurio et la très philosophe Anna del Mercato. L’auteur a un talent fou pour créer des personnages charismatiques, bons ou mauvais, qui marquent le lecteur. Je pense notamment au personnage haut en couleur du capitaine Lanzafame ou à la jalouse Benedetta.

Autre point fort : le traitement de la question religieuse, et notamment de l’obscurantisme de l’époque, est intelligent. J’ai apprécié que Luca Di Fulvio ne tombe pas dans la caricature.

Enfin, j’ai aimé les descriptions de  la Venise de la Renaissance. Lire Les enfants de Venise m’a donné envie d’y retourner, dans cette ville hypnotique de Venise.

En conclusion, une histoire assez convenue mais bien menée dans sa seconde partie. Globalement, c’est agréable à lire et tout l’intérêt provient des personnages. Un moment sympathique de lecture même si l’on est loin du Gang des rêves. 

 

Du même auteur

 

Si ce n’est encore fait : il faut lire Le Gang des rêves

 

Lu à la maison durant le confinement – mai 2020

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